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J’ai eu mes premières règles à l’âge de 9 ans, j’avais beau avoir 1 an d’avance (née en janvier) dans ma classe, j’étais la seule et j’avais honte !
Rien n’était vraiment fait pour rendre ce moment facile à l’époque ( 1984, faites le calcul si vous voulez savoir mon âge bouhaha), à l’époque les protections hygiéniques étaient plus épaisses que les serviettes maternité, ce qui les rendait inconfortables et pas du tout discrètes.

La honte suprême venait si malgré toutes mes précautions, une fuite survenait. Pour ceux et celles qui étaient là à cette époque, la mode des gilets, sweaters et autres chemises noués à la taille ne servait pas juste à cacher les fesses, mais à camoufler les tâches.

Encore aujourd’hui, même si des protections plus fines et absorbantes existent, je ne porterais jamais des couleurs claires ou blanches comme la fille de cette pub de protection (archéologue du net, si quelqu’un peut retrouver la vidéo ce serait super) qui osait tout faire pendant ses règles, en blanc.
Pourtant, on continue à demander discrètement à nos copines, tout doucement en chuchotant si elle a une serviette pour nous, parce que si quelqu’un se rendait compte, ce serait le déshonneur total.
D’ailleurs, on continue à cacher nos protections, à partir aux toilettes publiques avec notre sac à main, à pudiquement glisser nos protections derrière le gros pack d’eau ou le shampoing au moment de passer en caisse, à demander aux copines de marcher derrière nous pour vérifier qu’il n’y a pas de tâches (je l’ai fait il y a moins d’1 mois), à annuler des sorties … bref c’est la loose !

Cela va tellement loin, qu’on n’ose même pas dire qu’on a ses règles, oh non, le sang c’est tabou alors on n’en parle pas. On dit qu’on a ses jours, ses coquelicots, ses choses, ses ours, ses ragnagna, que l’armée rouge est là ou que les Anglais ont débarqué, on dit même qu’on est malade, indisposée ou encore que ce n’est pas la bonne semaine et j’en passe … que de poésie pour éviter de dire le mot règles ou menstruations, une manière inventive de continuer la culture de la honte.

58% des femmes interrogées en 2018 lors d’un sondage aux États-Unis avouent avoir encore honte de leurs règles.
12% confient avoir étaient humiliés par leur famille.

7 adolescentes sur 10 ressentent toujours de la gêne d’après un sondage de 2019 par le magazine Les Glorieuses.

Impures, sales, interdits de rentrées dans les lieux de cultes ou même de dormir sous le toit familial ou encore d’avoir des contacts pour ne pas souiller les autres personnes … Culture, religions, ce genre de pratiques existent encore.
Parfois c’est le silence total, même entre mère et filles, on n’en parle pas, point.
À voir, le très bon documentaire sur les filles indiennes « Les règles de notre liberté » sur Netflix.

Moins de 10% de la population féminine indienne utilisent des protections hygiéniques ! Bouts de tissus, vieux vêtements, vieux papier journal … elles font comme elles peuvent et ce ne sont pas les seules.
Pendant ce temps, ces protections sont taxées comme des produits de luxe !
Un paquet c’est entre 4 et 7€, pour certaines cela peut coûter 80€ par an, pour moi qui souffre de ménorragie depuis 5 ans, c’est au moins le triple, même en utilisant une coupe menstruelle.
Sans oublier les vêtements et draps à remplacer, le détachant pour le sang …

Pour ce souci qui touche quand même la moitié de la population mondiale, des solutions commencent à arriver, comme des serviettes réutilisables, des culottes spéciales règles et la fameuse coupe.
On a aussi parlé de taxe rose, de diminution de la TVA pour ses produits qui sont juste une nécessité et pas un luxe, mais c’est encore loin d’être abordable pour tous dans tous les pays, cela ne fait que continuer à propager la pression sur les femmes et cette idée que ce n’est pas normal et donc une cause de gêne, de honte, un tabou !

Vous savez ce qui continue à propager le message que le sang des femmes est malsain ?
La publicité !

Il suffit de voir des décennies de publicités avec du sang bleu, bleu ! Purée on est humains, on n’est pas dans Avatar, même la schtroumpfette à du sang rouge.

Ne me dites pas que la raison c’est la peur du sang, on en voit partout, ceux qui ont vu GOT savent de quoi je parle …

D’ailleurs, lorsque Nana a fait en 2018 sa campagne « Les règles, c’est normal » qui montrait entre autres un peu de sang, c’est le scandale !

Une version un petit peu différente de cette publicité a été interdit en Australie, dans plusieurs pays elle n’a été diffusé qu’en ligne.

Vous rendez-vous compte que la première étude pour expliquer les douleurs durant les règles date de 2016 !
On sait tout ou presque sur l’appareil reproducteur masculin, mais celui féminin, celui qui porte les enfants, ben on ne sait pas grande chose et les femmes continuent à souffrir avec des crampes qui peuvent aller jusqu’à leur faire perdre conscience, des ménorragies qui peuvent causer de l’anémie et des malaises … mais on continue à nous traiter de chochottes si on a le malheur de se plaindre.

Non, le sang des règles n’est pas malsain ou impur, les femmes ne sont pas des êtres inférieurs ni contagieux, il ne va pas tuer monsieur lors de l’accouplement.
Oui, on peut dormir près de son partenaire, prier, cuisiner, et ceci sans faire tourner la mayonnaise ou le vin !

Il est tant de lever le tabou sur les règles, d’oser briser le silence, d’en parler pour que le sujet soit banal, de ne plus avoir honte du fonctionnement de notre corps de femmes, d’avoir des études pour nous aider face aux douleurs et trouver des solutions pour que cela nous coûte moins cher !

Allez, je vous laisse avec le documentaire « 28jours » qui parlent justement des menstruations féminines, des règles dans la politique, la pression sociale, le sexe, la médecine, la religion, la publicité, et notre rapport au sang.

Je reviens très vite avec plein de chouettes photos et illustrations qui parlent aussi des règles 😉